A côté de ses pompes

Dans au moins la moitié des divorces que j’accompagne j’entends mes clients me dire : « il/ elle fait sa crise de la quarantaine » ou encore « Il/elle pense que je fais ma crise de la quarantaine ».

 

J’avoue que cela me fait toujours un peu sourire parce qu’au final les gens n’ont pas toujours quarante ans… alors, dans ce cas, il m’est expliqué que le/la conjoint(e) fait sa crise de la quarantaine « avec de l’avance » ou « avec du retard » en fonction de la situation de vie… Mais bref, au dire de mes interlocuteurs, celui qui fait « sa crise » nous fait un petit « caca nerveux d’adolescent » et il nous embête avec ca…

 

Cette crise est souvent perçue comme non sérieuse puisqu’elle met un bazar sans nom dans notre vie et qu’elle s’accompagne parfois d’un manque de responsabilité qui rend la situation un peu digne « d’une cour de récréation ».

 

J’ai toujours un petit mouvement de tendresse pour ces couples qui évoquent cette « petite » crise.

 

Souvent les gens me l’évoquent en limitant leur analyse au fait que Madame dépense d’un coup sans compter ou que Monsieur se prend pour un playboy.

 

Chacun va alors dire de l’autre qu’il ne reconnait pas son/sa partenaire… « elle a coupé ses cheveux », « elle sort tout le temps avec ses copines sans s’inquiéter des enfants », « elle dépense énormément en vêtements. ». Et quand c’est l’homme qui est en « crise » :  « il est tout le temps sur son téléphone », « il s’est remis au sport », « il a changé de voiture », « il s’est laissé pousser la barbe ».

 

Ces nombreuses illustrations de la « crise de la quarantaine » sont toujours évoquées par l’autre comme des espèces de lubies qui viennent étayer la futilité de la crise… « Regardez Maître, vous voyez bien à travers ce que je vous décris qu’il est à côté de ses pompes ! ».

 

J’aurai envie de répondre : « Vous savez, il n’est pas à côté de ses pompes. Il est simplement en train de les chercher. ».

 

Car en réalité, il faut avoir en tête que ces fameuses « crises de la quarantaine » ne sont pas de simples fantaisies. Il s’agit véritablement de crises identitaires, plus ou moins conscientisées, avec, derrière chacune de ces petites actions, une quête (parfois inconsciente) de sens, une recherche de réponses à des questions plus profondes liées au sens de la vie, du bonheur, du temps qui passe.

 

Maintenant que j’ai eu mes enfants et qu’ils commencent à être plus autonomes, comment maintenir un sens à mon organisation de vie ?

 

Maintenant que j’ai réussi à offrir à ma famille, une maison, un chien et des vacances, quel sens donner à l’énergie que je déploie au travail ?

 

Après tant de mois en congé parental que vais-je faire de mon existence ?

 

ETC

 

Ces petites « crises de la quarantaine » naissent effectivement autour de cet âge là car, comme évoqué précédemment, ces questionnements se présentent quand les personnes ont atteint une « zone de confort » matérielle du couple.

 

En effet, pendant quinze ou vingt ans, la vie d’une jeune couple amoureux a visé à mettre en place un système dit « homéostasique ». C’est-à-dire un système harmonieux visant à s’auto-réguler malgré les contraintes extérieures (gestion de budget, poids familiale, contraintes professionnelles, etc).

 

Le système mis en place est confronté à deux pressions contradictoires : tendance au changement (nous allons devenir parent, nous allons acheter une maison, etc) / tendance au maintien (nous allons continuer à nous aimer. Nous allons continuer à avoir du temps l’un pour l’autre, etc). L’homéostasie est donc l’équilibre qu’ils ont trouvé ensemble entre ces deux forces.

 

C’est donc souvent quand ils parviennent à tous ce qu’ils avaient souhaités pour leur équilibre (souvent autour de la quarantaine) que les deux forces ne trouvent plus l’équilibre et l’un des deux va avoir besoin des vibrations du changement pour maintenir son propre équilibre intérieur.

 

Ainsi, ce mécanisme n’est pas une lubie mais nait d’une véritable quête intérieure pour survivre à une perte de repère et de sens intérieur !