Cela faisait longtemps que le cabinet n’avais pas réouvert le Journal de Bord numérique de Granvelle !
Notre collaboratrice Marylène, rédactrice officielle de journal étant en congé maternité, son absence pèse… Quelle hâte de la retrouver, mais laissons-la pouponner encore quelques semaines !
C’est donc avec beaucoup d’humilité que notre associée Maude reprend cette plume momentanément délaissée…
#5 : Une victoire sur la vie
Le journal de bord est aujourd’hui repris pour partager une petite fierté… la victoire d’une femme que nous avons accompagnée pendant des mois difficiles. Une victoire sur la vie.
Nous ne sommes pas égaux face à la séparation, et pour elle, le départ de son mari a été synonyme de « fin de vie ».
Prenez-le au sens propre comme au sens figuré… pour elle, il n’y avait tout simplement pas de lendemain.
D’ailleurs, elle avait bien essayé d’y mettre une fin, à cette existence… mais en vain : elle a été sauvée sans pour autant pouvoir donner du sens à ce nouveau quotidien sans conjoint.
L’hôpital qui l’avait prise en charge l’avait renvoyée chez elle à cause de ce satané virus.
Et c’est ainsi qu’un beau matin de fin mars 2020, elle appelle le cabinet : les mots sont désordonnés, les phrases sont parfois un peu insensées, la souffrance est dans chaque intonation de sa voix. Elle ne sait pas pourquoi elle appelle. C’est l’assistante sociale de l’hôpital qui lui avait écrit notre numéro sur un papier.
Une telle souffrance assaille nécessairement l’interlocuteur… Sa situation nécessite une prise en charge médicale et nous ne sommes qu’un cabinet d’avocats en plein confinement, avec pour seul lien un téléphone… Pourtant, l’écouter semble insuffisant et une peur s’installe… comment faire pour qu’elle ne se fasse pas de mal ?
Au bout de deux heures d’échanges, la magie du téléphone a opéré.
L’intérêt véritable, la disponibilité sans compter, ont été autant de fils transparents qui sont venus tisser un lien de confiance, presque une connivence.
En fin de conversation pourtant, la peur du geste désespéré est revenue nous tarauder… Une idée a alors germé… parce que ce confinement nous a permis de développer notre créativité, parce qu’il n’y a rien à perdre mais tout à imaginer, parce qu’il y a de la beauté à amener les gens à s’accrocher… L’idée magique de lui lancer des défis est née !
Pour qu’elle s’accroche à la vie, le premier défi lancé a été de l’inviter à ouvrir les volets de chez elle.
Puis de s’habiller ou encore de nous envoyer une photographie de son repas.
Pendant plusieurs semaines, les défis lancés (et relevés !) ont été des bouées.
Chaque défi était une épreuve pour elle, mais un lien à la vie en attendant l’échange suivant.
Cette femme qui revient de si loin à relever tous les défis… jusqu’au défi ultime : celui de venir signer cette semaine son divorce amiable.
Elle a même dépassé tout ce que nous pouvions imaginer en devenant l’actrice principale de ce divorce qu’initialement elle ne pouvait même pas envisager.
Cette semaine, elle oscille entre chagrin et colère… mais elle est vivante et a réussi à arriver jusque-là.
Et nous sommes tellement fières d’elle…
Le chemin est loin d’être terminé et pourtant notre mission d’accompagnement se termine aujourd’hui.
Du coup, avec une petite pointe d’émotion, un dernier défi va lui être lancé, caché dans un petit carnet… un carnet qui lui sera offert à la fin de notre rendez-vous de signatures de divorce… un carnet pour écrire, un carnet pour décharger… un carnet pour se construire elle-même une jolie vie dont elle sera seule responsable… parce que le bonheur se construit et qu’il est indépendant de celui ou celle qui nous accompagne !
PS : le petit carnet que nous avons offert est une création de l’illustratrice jurassienne Marine Egraz. Elle aussi est formidable, tiens !