Nous sommes nombreuses à avoir été élevées avec les mêmes histoires :

 

D’abord, dans la petite enfance ce sont les princesses dont la beauté se révèle et s’amplifie au contact d’un prince charmant. Cendrillon, Blanche Neige, Peau d’ane…. Des princesses dont la perfection n’est pas sérieusement discutable et qui vont réussir à résoudre leur difficulté de vie au contact de l’amour d’un beau prince charmant.

 

Dans le même temps, on nous a donné à lire les « Martine ». Pour sa part, Martine n’a certes pas d’amoureux mais pour autant elle est une futur femme au foyer qui s’occupe bien de son petit frère Alain. C’est une jeune fille avec de la créativité mais qui ne fait jamais aucune bêtise et qui prends souvent en charge les autres.

 

Et enfin à l’adolescence nous avons souvent rêvé en regardant Grease ou Dirty dancing ; films qui pourraient se résumer de manière identique :  l’histoire d’une jeune femme sage qui va se révéler et s’émanciper des attentes familiale grâce à son idéal masculin.

 

Les héroïnes d’aujourd’hui que nous offrons à découvrir à nos filles sont plus aventurières mais elles ne sont pas moins dépendantes affectivement… A tort ou à raison, et même si nous nous en défendons, nous faisons perdurer l’eldorado de l’amour et du couple.

 

La culture du couple comme élément constitutif essentiel du bonheur coule dans nos veines et, nous le verrons plus tard, c’est justement cette croyance et les attentes que nous y attachons qui viennent mettre à mal les couples puis endeuiller les « beaux » divorces.

[…]

 

Très souvent la jeune fille rêve de faire mieux que sa mère. Elle se rêve plus libre, plus forte.

 

Puis arrive l’adolescence, la puberté, l’attraction des garçons et le jeu de l’amour.

A ce moment là, tu es belle parce que tu es aimée.

A ce moment là, tu es sérieuse parce que tu restes longtemps avec le même amoureux. Tu comptes les jours, les mois…. Cela fait déjà un mois, deux mois, six mois, un an que nous nous sommes embrassés pour la première fois…. L’horloge qui défile vient créditer la thèse des histoires d’enfance : Tu ES parce que tu aimes et que tu es aimée.

 

A cet instant, quand tu es une jeune femme amoureuse, tes rêves se modifient : ta vibration intérieure, tes attentes et tes peurs se concentrent sur ce couple en devenir. De manière inconsciente le « je » s’efface au profit du « il » ou du « nous ».

 

Ce prince charmant n’en est pas responsable. Tu es celle qui met en place ce mécanisme dès ta première histoire d’amour.

 

[…]

 

Ainsi, alors que nous regardions le sacrifice de nos mères comme loin de nous, l’Amour (ou le schéma social dans lequel nous étions élevées) nous remet sur « le droit chemin »… faisant de nous des futures conjointes attentives et de futures mères attendries.

 

J’insiste en employant le mot « Amour » et non « prince charmant ».

 

Je le constate au quotidien au cabinet : la plus-part du temps, ce n’est pas le conjoint qui nous a mis à cette place dont nous nous plaignions ! C’est nous même qui nous y sommes placées. Peut-être que cette place a été confortable et profitable au conjoint. Mais c’est bien nous-même qui, comme nos mères et grand-mère précédemment, avons décidé et nourri la croyance que nous savions mieux gérer les casseroles et les enfants que les pères.

 

[…]

 

Cette invitation à une petite prise de responsabilité peut-être un peu vive en entrée de matière… mais, au moins, vous aurez vite saisi mon credo : c’est par la responsabilisation que le monde change !

 

ALORS LA CA Y’EST, NOUS Y SOMMES :

 

Nous avons rêvé de regards profonds et nous les avons eus.

 

Pour certaines, le rêve de princesse c’est matériellement concrétisé un jour sous un beau soleil sous un voile blanc et en rejoignant un chevalier au bout de l’allée.

 

Les enfants sont là, en bonne santé, plus vivants et exigeants que jamais

[…]

Désormais, la maison est construite à l’image de ce que vous rêviez. “Heureusement” Pinterest a donné un coup  de main pour la décoration…

Nous parvenons même à rêver et à financer des vacances qui nous ressemblent : pour certaines, le rêve sera cette semaine au cap d’Agde avec la chaleur qui vient dorer la peau et la fête foraine qui occupera les enfants le soir. Pour quelques unes, ce sera le road trip en famille et en van pour partager avec les enfants cette envie d’aventure qui coule dans les veines. Pour d’autres, ce sera ce club med où chacun des membres de la famille navigue dans un quotidien sans contrainte.

 

CA Y’EST NOUS Y SOMMES à cet eldorado de couple qui nous a été conté et qui a bercé notre imaginaire : ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants.

 

Et c’est à cet instant que certaines (et même certains) aperçoivent l’abîme. De manière plus ou moins concrète, au loin, se dessine un précipice. Tu visualises le risque de chute sans pour autant savoir comment le gérer. Alors en attendant tu repousses cette image et te forces à te concentrer sur ce qu’il y a à faire à la maison.

 

Cette vision de peur que tu refoules, ce point noir dans le tableau idyllique peut prendre plusieurs formes : l’apparition d’un tiers dans ce potentiel bonheur de couple (la maitresse, l’amant, la belle-mère, le patron), les problèmes de santé, l’éloignement d’un des membres de la famille ou encore un évènement extérieur, même heureux, qui a impacté un membre de la famille.

 

L’eldorado est atteint mais est-il vraiment épanouissant et/ou durable ?

La réponse est relative et surtout muable puisqu’elle diffèrera en fonction de là où vous vous trouverez dans votre vie au moment où vous lirez ce livre.