La séparation qu’elle soit choisie ou subie entraine souvent un sentiment de solitude. L’absence de l’autre, quel qu’il soit peut entrainer un vide et notamment en présence des enfants.
Comme s’il manquait quelqu’un pour que nous soyons au complet.
Dans notre chéma sociétal, il manque alors « l’homme » ou la « femme » de la maison.
Dans ce moment souffrant, je me souviens avoir cherché en permanence ce qui pourrait me faire du bien… rien ne m’animait vraiment.
Tout le monde y allait de son conseil sur les outils pratiques pour aller mieux : aller se faire masser, prendre rendez-vous chez la psy, aller courir, ne pas rester seule, etc… Aucun conseil n’était mauvais mais aucun n’avait vraiment de sens pour moi. Il ne s’agissait que d’une addition d’actions qui mises bout à bout ne pansait rien. Tels quelques anti-douleurs qui pourraient suspendre ma douleur pendant trop peu de temps… aucun sens, ni aucun intérêt pour moi.
Un jour, pendant cette période de désœuvrement et alors que je trainais mon vide sur les réseaux sociaux, je suis tombée sur une jolie publication d’un photographe que je connaissais à titre professionnel. Spontanément, sans vraiment réfléchir, je lui ai envoyé un message pour lui demander s’il pouvait me faire très rapidement un reportage photo de ma « nouvelle famille ».
Cette nouvelle famille que je n’avais pas choisie mais dont j’étais fière : moi et mes filles, ensemble dans la vie.
Le shooting a été particulier à vivre pour moi… La séparation avait eu lieu seulement trois semaines plus tôt et l’absence de mon ex-compagnon habitait mes pensées. Je me rappelle lutter contre le manque, repousser le souvenir et sourire, sourire à tout prix en regardant mes filles minaudées devant le photographe… ce sourire, il visait à faire rayonner ce que j’avais.
Je partage cette expérience de vie si intime car elle met un coup de projecteur sur un phénomène difficile à appréhender dans la séparation : le fait d’avoir l’impression d’voir perdu sa famille.
Ce jour là, j’aurai pu prendre rendez-vous pour me faire masser… mais en prenant rendez-vous pour ces photographies, je suis venue répondre et transformer une souffrance que nous sommes nombreux/nombreuses à avoir…
Perdre son/sa conjoint(e) est une chose… perdre sa famille en est largement une autre !
Je suis toujours surprise de ce raccourci qui nait en nous systématiquement avec une séparation : Est-ce que le divorce est véritablement la fin d’une famille ? Qui a décidé que ce serait le cas ?
Alors oui, c’est la fin d’une famille avec un papa, une maman et des enfants sous le même toit.
Cette carte postale n’existera plus.
Mais je vous interroge et vous interpelle sur cette perte : la carte postale était-elle véritablement parfaite ? Tous les membres de la famille étaient- ils vraiment épanouis sur cette carte postale ? N’est- ce pas un peu une image d’Epinal qui se nourrit au gré de la nostalgie d’un paradis perdu ?
Et surtout, quand bien même ce passé vous remplissait, est ce que la famille est véritablement fichue ?
NON ! Cette famille survivra et se nourrira de ce que vous voudrez qu’elle soit !
Pourvu que cette vision de famille soit bâtie sur l’amour qu’il reste.
Ainsi peut-être que désormais vous serez une seule famille avec deux toits. Cette notion de famille à deux toits est de plus en plus présente dans des séparations amiables avec notamment une garde alternée.
Ou alors, peut-être, que vous vous allez devenir une famille avec vos enfants, sans la nécessité de la présence de l’autre parent dans le tableau. Mais vous n’en resterez pas moins une famille. Cette famille monoparentale qui se construira sur l’amour parent/enfant.
Enfin, il se pourrait même que vous soyez une famille avec un(e) nouvel(le) amoureux/se que vous allez rencontrer et qui représentera une richesse de plus dans la vie de enfants, un adulte référent de plus.
Ainsi contrairement à l’idée reçue, VOUS NE PERDEZ PAS VOTRE FAMILLE QUAND VOUS DIVORCEZ, VOUS LA REINVENTEZ !