Publié le : 28/04/2025
C’est cette question qui m’obsède depuis déjà des années et qui m’a conduite à Saint Raphaël ce week-end pour la 3ème édition de la Compagnie des Philosophes dont le thème n’était autre que celui de l’Amour, de ses histoires et de ses transformations.
Mes pas y étaient notamment guidés (voir même, pressés) par l’occasion d’entendre parler «en vrai » le « Maître » Boris CYRULNIK qui partageait ses réflexions sur le sujet ainsi que Sophie GALABRU dont les deux derniers essais m’ont particulièrement animés.
Outre la quête dans laquelle je me lançais, j’ai eu le plaisir de découvrir d’autres noms, excellents orateurs et fins observateurs du monde, tels que Roger-Pôl Droit ou encore Christian Godin.
Beaucoup de mes client(e)s, futurs divorcé(e)s, tentent de comprendre l’évènement traumatique qu’ils traversent à la lumière de la psychologie ou du développement personnel. Parce que la qualité d’une boite à outils se mesure notamment à sa diversité, je leur partage parfois de bons romans, des films adaptés ou encore de la musique afin de les aider à avancer. Depuis que j’ai lu Sophie Galabru, je me dis que la philosophie peut être accessible à beaucoup et peut représenter une formidable corde supplémentaire à leur arc.
L’évènement de ce week-end me confirme cette opportunité tant les propos étaient accessibles et rendus ludiques par la diffusion d’extraits de films bien sentis.
Difficile pour autant d’y livrer, ici, en seulement quelques mots, toutes les ouvertures créées en moi par ce bel après-midi… et, pour cette raison, j’avoue avoir hâte de découvrir l’œuvre compilée de leurs écrits ( à paraître).
J’ai reconnu dans le « concept » de « l’amour partiel » développé par Sophie GALABRU (entant que cause possible des séparation) certaines histoires de mes clients.
Ma curiosité espiègle a été piquée par l’amour fou de Christian GODIN.
Et, bien sûr, le temps a été suspendu lorsque Boris Cyrulnik a raconté, de sa voix calme et pleine d’humour, la construction de l’amour dans l’Histoire et dans notre cerveau.
La comparaison redondante de la relation amoureuse au bateau de Thésée (dont les planches sont toutes remplacées…. Est il le même bateau ou un nouveau bateau ?) a enrichi mon album illustré intérieur.
En sortant de cet après-midi de réflexions, j’ai eu envie de lire la « Lettre à D » d’André GORZ, de m’écrire quelques rappels clés tels que « une histoire d’amour ne peut durer que si elle se transforme sans cesse » ou encore « la relation amoureuse se définit comme deux générosités qui se cultivent dans la joie ».
Mais tous ces ressorts intérieurs, créés par nos philosophes contemporains, durant ce riche après-midi, répondent-ils à mon interrogation très personnelle : est-ce que moi, entant que professionnelle du droit, je suis concernée par l’histoire d’amour de mes clients?
En écoutant ces penseurs, je décèle effectivement quelques raisons de mon intérêt pour leur histoire sentimentale :
Si je n’interroge pas mes clients sur leur rencontre et sur les raisons du pourrissement des planches de leur bateau, comment réussirai-je à trouver la « bonne » manière de les divorcer ? Si je ne les questionne pas sur leur équilibre passé et rompu, comment parviendrai-je à les aider à fonder la nouvelle relation apaisée nécessaire à leurs enfants ? Si je ne les interroge pas sur leur construction, comment arriverai-je à leur faire entrevoir ce qu’il leur reste à inventer ?
Car c’est bien de cela qu’il s’agit : de ce fabuleux mythe de l’amour durable dans lequel la séparation n’est peut-être pas une fin en soi mais simplement une transformation.
Pour ma part, entant qu’avocate je n’ai qu’une envie : en bonne athénienne, fournir les planches nécessaires à la conservation du bateau de Thésée.