Publié le : 12/11/2025
Il y a quelques mois, je plaidais, en défense, devant la Cour d’Appel de LYON.
N’étant pas une grande oratrice, l’exercice de la plaidoirie me fait rarement plaisir. Pourtant, lors de cette audience il s’est passé quelque chose… Les magistrates face à moi m’écoutaient.
Elles m’écoutaient vraiment… et d’ailleurs, elles m’écoutaient tellement que j’ai eu envie d’écrire cet article !
Est-ce que cela signifie qu’il s’agit d’une exception dans un quotidien au cours duquel les plaidoiries sont pourtant hebdomadaires pour moi?
Je ne crois pas. D’ailleurs, pas question de sombrer dans ce débat clivant des magistrats qui ne voudraient plus que les avocats plaident.
Par ailleurs, j’ai la chance d’avoir dans le Jura des audiences au cours desquelles j’ai le sentiment que les juges respectent véritablement les avocats.
Pourtant là, à cette audience devant la Cour d’Appel de LYON, j’ai eu le sentiment d’être plus entendue que d’habitude. Pourquoi ?
- Sans doute parce que j’ai croisé le regard de chacune de ces magistrates. Nous ne nous sommes pas subies, nous nous sommes rencontrées… autour d’un dossier.
- Sans doute parce que derrière leurs mimiques, il y avait des professionnelles qui ne semblaient pas subir l’audience, mais qui, au contraire, écoutaient pour comprendre la vision que je leur partageais. Comme si cette audience en la vivant ainsi allait leur permettre de de gagner du temps sur la lecture fastidieuse des écritures.
- Sans doute parce qu’il y avait de l’ouverture dans ce qu’elles me donnaient à voir
L’effet a été immédiat : Plus elles m’écoutaient, plus j’avais envie d’être meilleure. Je ressentais le besoin d’être au niveau de la qualité d’attention qu’elles m’accordaient. Ne surtout pas trainer. Leur temps est aussi précieux que le mien : autant en faire quelque chose de bien ensemble !
En sortant, j’ai eu l’impression d’une collaboration. Je savais que peu importe la décision, elle serait forcément bonne : car mon client avait senti son avocate écoutée, parce que je m’étais sentie riche de leur attention et parce qu’en recevant l’arrêt, j’ai pu l’expliquer à mon client en le mettant en perspective de ce temps d’audience.
J’avais écrit ces lignes immédiatement après l’audience, pour moi-même, pour essayer de comprendre cette jolie audience et d’en reproduire les leçons… le publier aujourd’hui à un autre objectif : celui de partager avec les magistrats leur grand pouvoir ! Car je ne peux pas reproduire cette belle énergie sans eux !